Répétition, Réel, Trauma, Inconscient, 1964, FREUD

Rappelons que pour Lacan le réel s'entend comme ce qui, au cœur de l’expérience humaine, échappe à toute symbolisation. Le réel se manifeste sous la forme d’une rencontre manquée, une tuché — un événement qui surgit « comme par hasard » mais dont la portée est décisive. Cette rencontre, toujours essentielle et pourtant inassimilable, apparaît dans l’histoire de la psychanalyse à travers la notion de traumatisme : c’est d’abord sous cette forme que le réel s’est présenté à Freud, comme un point d’origine accidentel mais structurant pour le sujet. À partir de là, Lacan montre que la fonction du principe du plaisir — qui vise l’équilibre et la décharge des tensions — ne suffit pas à « effacer » ce trauma. Car, paradoxalement, c’est dans les processus primaires régis par ce principe que le traumatisme revient, se répétant sous des formes déguisées, notamment dans le rêve. Celui-ci, censé réaliser un désir, réactualise souvent la scène traumatique ou son écran, témoignant d’une contrainte de répétition (Wiederholung) qui excède le principe du plaisir. Ainsi, le principe de réalité ne domine pas le psychisme : il ne parvient pas à résoudre ni à intégrer ce reste du réel. Une part de ce réel demeure « en souffrance », captive dans les rets du désir et des processus inconscients. La réalité psychique se construit donc autour de ce manque central, de ce point où la rencontre avec le réel échoue mais ne cesse de se répéter.


"Rien n’est plus centré, orienté vers ce qui, au cœur de notre expérience, est le noyau du réel. Où, ce réel, le rencontrons-nous ? C’est bien en effet de la structure de cette rencontre, de la fonction nodale, de la fonction répétitive d’une rencontre essentielle, d’un rendez-vous auquel nous sommes toujours appelés avec un réel qui se dérobe, qu’il s’agit dans tout ce que  la psychanalyse a découvert... Ce qui se répète, en effet toute l’expérience de l’analyse nous le montre, c’est toujours quelque chose dont le rapport à la τύχη [tuché] nous est suffisamment désigné par l’expression qui image le mieux... ce qui se produit « comme par hasard »."
LACAN, S.XI, 12/02/1964

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