Amour, Jouissance, Femme, Autre, 1963

 La femme est contrainte d'aimer l'homme en un point situé au-delà de ce qui arrête son désir, en un point où l'homme - en quelque sorte châtré - n'a plus rien à donner. S'il est vrai, comme le dit Lacan à propos de la femme, que sa propre jouissance "s’écrase dans la nostalgie phallique", au moment où elle survient il est trop tard pour s'unir à l'Autre, sauf métaphoriquement, dans l'amour.


"Le fait que le désir mâle rencontre sa propre chute avant l’entrée dans la jouissance du partenaire féminin, de même que la jouissance, si l’on peut dire, de la femme s’écrase - pour reprendre un terme emprunté à la phénoménologie du sein et du nourrisson - s’écrase dans la nostalgie phallique, et dès lors est nécessitée, je dirai presque condamnée à n’aimer l’autre - mâle – qu’en un point situé au-delà de ce qui, elle aussi, l’arrête comme désir. Cet au-delà, où l’Autre masculin est visé dans  l’amour, c’est un au-delà, disons-le bien : soit transverbéré par la castration, soit transfiguré en termes de puissance, ce n’est pas l’autre, en tant qu’à l’autre il s’agirait d’être uni. La jouissance de la femme est en elle-même, elle ne la conjoint pas à l’Autre... L’homme n’est dans la femme que par délégation de sa présence, sous la forme de cet organe caduc, de cet organe dont il est fondamentalement, dans la relation sexuelle et par la relation sexuelle, châtré. Ceci veut dire que les métaphores du don ici ne sont que métaphores, que - comme il n’est que trop évident - il ne donne rien."
LACAN, S.X, 19/05/1963

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