La voix résonne depuis le vide de l'Autre (ex-nihilo) et ne peut être reçue, pour cette raison, qu'à être incorporée. Il s'agit d'une identification à part entière et spécifique, la première évoquée par Freud. La voix comme telle, c'est-à-dire articulée et non modulée, est signifiante, disons même impérative "en tant qu’elle réclame obéissance ou conviction". A signifier ainsi le désir de l'Autre, elle ne peut que susciter l'angoisse ; dont la résolution est la culpabilité ou le pardon, une fois reçu le commandement et surtout reconnue la "faute", la faute c'est-à-dire le manque inhérent à tout désir.
"Si la voix, au sens où nous l’entendons, a une importance, ce n’est pas de résonner dans aucun vide spatial, c’est pour autant que la forme, la plus simple émission dans ce qu’on appelle linguistiquement sa fonction phatique - qu’on croit être de la simple prise de contact et qui est bien autre chose - résonne dans un vide qui est le vide de l’Autre comme tel, l’ex-nihilo à proprement parler... La voix répond à ce qui se dit, mais elle ne peut pas en répondre. Autrement dit, pour qu’elle réponde, nous devons incorporer la voix comme l’altérité de ce qui se dit. C’est bien pour cela, et non pour autre chose, que détachée de nous, notre voix nous apparaît avec un son étranger. Il est de la structure de l’Autre de constituer un certain vide : le vide de son manque de garantie. La vérité entre dans le monde avec le signifiant et avant tout contrôle, elle s’éprouve, elle se renvoie seulement par ses échos dans le réel. Or, c’est dans ce vide que la voix - en tant que distincte des sonorités, voix non pas modulée, mais articulée - résonne."LACAN, S.X, 05/05/1963
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