Objet a, Symptôme, Cause, Angoisse, 1963

Rappelons que l'objet (a) n'est pas l'objet du désir, mais sa cause. Il est également impliqué dans l'angoisse dont Lacan dit qu'elle est la sensation du désir de l'Autre, et de l'abyssale dépendance du sujet par rapport à ce désir. N'oublions pas que l'objet est présent dès la constitution du sujet au lieu de l’Autre, division signifiante dont il est, proprement, le reste. Dans le cas de l'obsessionnel, l'une des fonctions du symptôme est précisément de différer l'angoisse : d'ailleurs elle ne manque pas de s'inviter à la première occasion, au premier raté de la mécanique compulsionnelle. Quel rapport entre le symptôme, l'objet et la cause ? Le symptôme est identifié comme tel par le sujet névrosé, dès lors qu'il est capable de se formuler que "quelque chose cloche" et donc qu'"il y a une cause à tout ça" : c'est bien ce qui l'amène en analyse (il ne sait pas encore qu'il s'agit de cet énigmatique (a)). Au niveau du symptôme, c'est évidemment la cause qui pose question, une question dont le résultat serait précisément le symptôme. Tandis que l'effet, précise Lacan, serait le désir... mais en tant que non effectué, puisque c'est lui qui reste à conquérir. Tant que le gap entre la cause et l'effet subsiste, le désir existe aussi - il n'y a que la science pour imaginer que le gap puisse être comblé.


"Dans toute avancée, dans tout avènement de ce petit(a) comme tel, l’angoisse apparaît justement en fonction de son rapport au désir de l’Autre. Mais son rapport au désir du sujet, quel est-il ? Il est situable sous la formule que j’ai avancée en son temps : petit(a) n’est pas « l’objet » du désir, celui que nous cherchons à révéler dans l’analyse, il en est « la cause ». Ce trait est essentiel, car si l’angoisse marque la dépendance de toute constitution du sujet, sa dépendance de l’Autre, avec un grand A le désir du sujet se trouve donc appendu à cette relation par l’intermédiaire de la constitution première, antécédente du petit(a)... Cette fonction est repérable dans les données premières de notre champ, celui sur lequel s’engage la recherche, c’est à savoir le champ du symptôme...
Petit(a), nous l’avons défini comme le reste de la constitution du sujet au lieu de l’Autre, en tant qu’il a à se constituer en sujet barré. Si le symptôme est ce que nous disons, c’est-à-dire tout entier implicable dans ce processus de la constitution du sujet en tant qu’il a à se faire au lieu de l’Autre, l’implication de la cause dans l’avènement symptomatique, tel que je vous l’ai défini tout à l’heure, fait partie légitime de cet avènement. Ceci veut dire que la cause, impliquée dans la question du symptôme, est littéralement, si vous le voulez, une question, mais dont le symptôme n’est pas l’effet, il en est le résultat. L’effet, c’est le désir."
LACAN, S.X, 12/05/1963

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