Si "l'angoisse n'est pas sans objet", comme y insiste Lacan, c'est de nous introduire à la fonction d'un manque radical. Bien qu'il affecte le réel le manque n'est saisissable que par le biais du symbolique, c'est toujours un symbole qui désigne une absence et qui tente d'y suppléer (par exemple la femme n'est "privée" du pénis qu'en tant que celui-ci est doté d'une valeur symbolique, et l'on parle alors du phallus - mais la privation, elle, est bien réelle). Un manque réel qui est de l'ordre de la perte comme l'énonce Lacan en ces termes : « Dès que ça se sait, que quelque chose vient au savoir du réel, il y a quelque chose de perdu, et la façon la plus certaine d’approcher ce quelque chose de perdu, c’est de le concevoir comme un morceau de corps. » Or cette pièce manquante - l'objet (a) pour Lacan - le symbolique n'y supplée pas vraiment, puisqu'elle est, comme telle, la contre-partie du symbolique : elle est donc irréductible.
"Le manque est radical, il est radical à la constitution même de la subjectivité telle qu’elle nous apparaît par la voie de l’expérience analytique. Ce que, si vous le voulez, j’aimerais énoncer en cette formule : « Dès que ça se sait, que quelque chose vient au savoir du réel, il y a quelque chose de perdu, et la façon la plus certaine d’approcher ce quelque chose de perdu, c’est de le concevoir comme un morceau de corps.»... D’où il résulte - autre vérité - que nous pourrions dire que tout le tournant de notre expérience repose sur ceci : que le rapport à l’Autre en tant qu’il est ce où se situe toute possibilité de symbolisation et de lieu du discours, rejoint un vice de structure, et qu’il nous faut - c’est le pas de plus - concevoir que nous touchons là, à ce qui rend possible ce rapport à l’Autre, c’est-à-dire ce d’où surgit qu’il y a du signifiant. Ce point d’où surgit qu’il y a du signifiant est celui, qui en un sens, ne saurait être signifié."LACAN, S.X, 23/01/1963
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