L'angoisse signale au sujet - au niveau sensible du moi - la présence du désir de l'Autre. Le désir en tant que, détaché du besoin, il peut en vouloir à mon être, le mettre en question. Ce serait commode si, comme l'imagine Hegel, le désir avait pour seule logique de me reconnaître au-delà de l'objet ; mais non, il me remet en cause, m'interroge au niveau de mon propre désir, justement au niveau de sa cause. Il me projette dans cette dimension temporelle de la cause du désir, m'engageant certes dans l'épreuve de l'angoisse, mais possiblement aussi dans l'épreuve de l'analyse, puisqu'elle n'est pas sans angoisse, étant donné le rôle pivot du désir de l'analyste.
"C’est cela qui est l’angoisse : le désir de l’Autre ne me reconnaît pas comme le croit Hegel - ce qui rend la question bien facile, car s’il me reconnaît, comme il ne me reconnaîtra jamais suffisamment, je n’ai qu’à user de violence - donc, il ne me reconnaît ni ne me méconnaît..., il me met en cause, m’interroge à la racine même de mon désir à moi, comme (а), comme cause de ce désir et non comme objet. Et c’est parce que c’est là qu’il vise, dans un rapport d’antécédence, dans un rapport temporel, que je ne puis rien faire pour rompre cette prise, sauf à m’y engager. C’est cette dimension temporelle qui est l’angoisse, et c’est cette dimension temporelle qui est celle de l’analyse. C’est parce que le désir de l’analyste suscite en moi cette dimension de l’attente que je suis pris dans ce quelque chose qui est l’efficace de l’analyse."LACAN, S.X, 27/02/1963
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