Le mythe de l'Oedipe pose symboliquement que le désir et la loi sont originellement identiques et demeurent à jamais inséparables, en tant que le désir premier du père pour la mère fait loi et s'impose au reste de la lignée, en même temps qu'il est signifié pour eux comme interdit et réorienté vers autre "chose" que la mère. La loi doit survivre symboliquement au meurtre du père, sinon la loi ne commanderait pas de désirer mais se contenterait de pointer vers la jouissance éternelle du père : c'est le sens même du complexe de castration et c'est pourquoi le symbole du désir doit être noté -ϕ, à la place où perpétuellement l'objet manque. Notons que seul le scénario masochiste parvient à réactualiser simultanément le désir et la loi, certes facticement, puisque le sujet s'y acharne à ce que le désir de l'Autre se réalise, et sur son dos par-dessus le marché, de sorte que cette jouissance de l'Autre devient la loi de son propre désir.
"Le mythe central qui a permis à la psychanalyse de démarrer, qui est le mythe de l'Œdipe. Le mythe de l'Œdipe ne veut pas dire autre chose, c'est : - qu'à l'origine le désir, le désir du père, et la loi sont une seule et même chose ; - et que le rapport de la loi au désir est si étroit que seule la fonction de la loi trace le chemin du désir ; - que le désir, en tant que désir de la mère, pour la mère, est identique à la fonction de la loi: c'est en tant que la loi l'interdit qu'elle impose de la désirer, car après tout la mère n'est pas en soi l'objet le plus désirable. Si tout s'organise autour de ce désir de la mère, si c'est à partir de là que se pose que la femme qu'on doit préférer - car c'est de cela qu'il s'agit - soit autre que la mère : - qu'est-ce que cela veut dire, sinon qu'un commandement s'introduit, s'impose dans la structure même du désir, que pour tout dire : on désire « au commandement », qu'est-ce que tout le mythe de l'Edipe veut dire, sinon que le désir du père c'est cela qui a fait la loi ?"LACAN, S.X, 16/01/1963
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