Si l'angoisse n'est pas en hors de tout cadre, signifiant, familier, elle ne se ramène pas non plus à une attente, inquiète, face à l'hostile. "L'angoisse, c'est quand apparaît dans cet encadrement, ce qui était déjà là, beaucoup plus près, à la maison, heim..." L'angoisse a bien un objet, c'est l'apparition de cet unheimlich dans le cadre, tellement familier qu'il en est irreconnaissable et irreprésentable. C'est pourquoi l'angoisse est, par excellence, "ce qui ne trompe pas", le "hors de doute", non pas l'incertain mais au contraire le plus certain. L'angoisse est plutôt la cause (réellement, la cause) du doute, qui n'a d'autre fonction que d'éviter l'"affreuse certitude" de l'angoisse.
"Tous les aiguillages sont possibles à partir de quelque chose qui est l'angoisse, ce qui est en fin de compte ce que nous attendions, et qui est la véritable substance de l'angoisse, le « ce qui ne trompe pas », le « hors de doute ». Car, ne vous laissez pas prendre aux apparences : ce n'est pas parce que le lien peut vous paraître cliniquement sensible bien sûr, de l'angoisse au doute, à l'hésitation, au jeu dit ambivalent de l'obsessionnel, que c'est la même chose. L'angoisse n'est pas le doute, l'angoisse c'est la cause du doute...S'il y a une dimension où nous devons chercher la vraie fonction, le vrai poids, le sens du maintien de la fonction de cause, c’est dans cette direction de l’ouverture de l’angoisse. Le doute, donc, vous dis-je, n’est fait que pour combattre l’angoisse, et justement tout ce que le doute dépense d’efforts, c’est contre des leurres. C’est dans la mesure où ce qu’il s’agit d’éviter, c’est ce qui, dans l’angoisse, se tient d’affreuse certitude."LACAN, S.X, 12/12/1962
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