Angoisse, Demande, Jouissance, Autre, 1962

Pourquoi les figures cauchardesques, oppressantes et volontiers jouisseuses, sont-elles en même temps des figures interrogatives (exemplairement le Sphynx) ? Il faut se souvenir que le fantasme du névrosé consiste à placer la demande (et donc la question de l'Autre) en position d'objet du désir (S◊D). Or généralement, l'angoisse surgit lorsqu'un tenant lieu de l'objet (a) occupe la place du manque (- phi). Dans le cas de la névrose, ou du cauchemar, c'est la demande comme telle, devenue surmoi, qui usurpe cette place et qui provoque l'angoisse.


"L’angoisse du cauchemar est éprouvée à proprement parler comme celle de la jouissance de l’Autre. Le corrélatif du cauchemar, c’est l’incube ou le succube, c’est cet être qui pèse de tout son poids opaque de jouissance étrangère sur votre poitrine, qui vous écrase sous sa jouissance... Cet être qui pèse par sa jouissance, est aussi un être questionneur, et même à proprement parler, qui se manifeste, se déploie, dans cette dimension complète, développée, de la question comme telle qui s’appelle « l’énigme »... L’existence de l’angoisse est liée à ceci que toute demande, fût-ce la plus archaïque, la plus primitive, a toujours quelque chose de leurrant, par rapport à ce qui y préserve la place du désir, et que c’est ce qui explique aussi le coté angoissant de ce qui, à cette fausse demande, donne une réponse comblante... Le comblement total d’un certain vide à préserver qui n’a rien à faire avec le contenu ni positif, ni négatif de la demande, c’est là que surgit la perturbation où se manifeste l’angoisse... La demande ici vient indûment à la place de ce qui est escamoté : (a), l’objet."
LACAN, S.X, 12/12/1962

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