Le champ propre, et l'éthique même de l'expérience psychanalytique, n'est pas de viser la guérison à tout prix - notion des plus floues - mais de permettre au sujet de se reconnecter à un certain ordre tiers - qui n'est pas celui du "bien" mais, pour l'analyste comme pour l'analysant, celui de la vérité.
"Il me souvient avoir provoqué l’indignation de cette sorte de « confrères » qui savent à l’occasion se remparder derrière je ne sais qu’elle enflure de bons sentiments destinée à rassurer je ne sais qui, d’avoir provoqué l’indignation en disant que dans l’analyse, la guérison venait en quelque sorte par surcroît. On y a vu je ne sais quel dédain de celui dont nous avons la charge, de celui qui souffre... Je parlais d’un point de vue méthodologique. Il est bien certain que notre justification comme notre devoir est d’améliorer la position du sujet, mais je prétends que rien n’est plus vacillant, dans le champ où nous sommes, que le concept de « guérison ». Est-ce qu’une analyse qui se termine par l’entrée du patient ou de la patiente dans le tiers-ordre est une « guérison » ?... Je ne pense pas un seul instant m’écarter de notre expérience si mon discours, bien loin de s’en écarter, consiste justement à rappeler qu’à l’intérieur de notre expérience, toutes les questions peuvent se poser, et qu’il faut justement que nous y conservions la possibilité d’un certain fil qui, à nous tout au moins, nous garantisse que nous ne trichons pas avec ce qui est notre instrument même, c’est-à-dire le plan de la vérité."LACAN, S.X, 12/12/1962
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