Angoisse, Manque, Objet, Désir, 1962

 L’angoisse n’est pas conséquence d’un manque, mais plutôt annonce d’une potentielle plénitude. Elle ne découle pas d'une nostalgie du passé, ou de la perte des objets désirés, mais de la tentation d'y retourner et d'en jouir. Paradoxalement, la crainte réside non pas dans l'échec, mais dans l'assurance de la réussite. En bref c'est quand le manque vient à manquer que surgit l'angoisse.


"L’angoisse n’est pas le signal d’un manque, mais de quelque chose qu’il faut que vous arriviez à concevoir, à ce niveau redoublé, d’être le défaut de cet appui du manque... Ca n’est pas la nostalgie de ce qu’on appelle le sein maternel qui engendre l’angoisse, c’est son imminence, c’est tout ce qui annonce quelque chose qui nous permettrait d’entrevoir qu’on va y rentrer... Qu’est-ce que l’angoisse en général dans le rapport avec l’objet du désir ? Qu’est ce que nous apprend ici l’expérience si ce n’est qu’elle est tentation, non pas perte de l’objet, mais justement présence de ceci : que les objets ça ne manque pas ! Et pour passer à l’étape suivante, celle de l’amour du surmoi avec tout ce qu’il est censé poser dans la voie dite de l’échec, qu’est-ce que ça veut dire sinon que ce qui est craint, c’est la réussite, c’est toujours le « ça ne manque pas »."
LACAN, S.X, 05/12/1962

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