Trait unaire, Sujet, Tore, Intériorité, 1962

Le tore se présente comme une surface de révolution autour d'un axe engendrant une surface fermée, ou pour le dire plus simplement un anneau. Cette surface montre au mieux la structure topologique du sujet en tant que constitué primitivement par le trait unaire, celui-là même que forme le premier cercle (plein) tracé autour de l'anneau. Contrairement à la simple surface plane ou à la sphère, le tore possède cette propriété de permettre un tracé qui ne puisse en aucun cas se réduire à un point, mais qui va bien plutôt de se répéter jusqu'à effectuer un autre type de révolution tout le long de l'anneau, pour former cette fois une cercle vide. Ce dernier tour apparaissant en surplus échappe nécessairement au comptage du sujet, lequel se constitue ainsi comme -1. C'est que le sujet, de part sa structure topologique infiniment plane, ne peut saisir son intériorité que par le détour de l'Autre, cet Autre passant nécessairement par l'intérieur de l'anneau, en position d'interlocuteur : l'intériorité du sujet apparaît donc ici comme strictement équivalente à son extériorité. N'en subsiste que l'objet 'a', résultat de l'impossibilté de l'Autre à soutenir la demande, mais également soutien du désir.


"C’est une bonne surface, vous le voyez, puisqu’elle préserve, je dirai nécessairement… elle ne pourrait pas être la surface qu’elle est s’il n’y avait pas un intérieur... Et si tant est - comme nous le dit Kant - qu’il y ait une esthétique transcendantale. J’y crois, simplement je crois que la sienne n’est pas la bonne, parce que justement c’est une esthétique transcendantale d’un espace qui n’en est pas Un d’abord, et  secundo où tout repose sur la possibilité de la réduction de quoi que ce soit qui soit tracé à la surface, qui caractérise cette esthétique, de façon à pouvoir  se réduire à un point, de façon que la totalité de l’inclusion que définit un cercle puisse se réduire à l’unité évanouissante d’un point quelconque autour duquel il se ramasse... On pose qu’il y a une structure topologique dont il va s’agir de démontrer en quoi elle est nécessairement celle du sujet, laquelle comporte qu’il y ait certains de ses  lacs qui ne puissent pas être réduits... Supposons donc que toute énonciation synthétique - il y en a un certain nombre au principe du sujet, et pour le constituer - eh bien, se déroule selon un de ces cercles, dit cercle plein, et que c'est cela qui nous image le mieux ce qui, dans la boucle de cette énonciation, est serré d'irréductible... Je n’ai qu’à continuer ce que je vous avais d’abord dessiné en plein, puis en pointillés, cela va faire une bobine... Voilà donc la série des tours qui font dans la répétition unaire que, ce qui revient est ce qui caractérise le sujet primaire dans son rapport signifiant d’automatisme de répétition."
LACAN, S.IX, 07/03/1962

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