Ce que peut nous montrer le tore, à partir de l'inscription symbolique du sujet depuis le trait unaire, en tant que fondé sur une exception, c'est d'abord la structure d'une privation réelle. Mais à partir du moment où un tour complet du tore est effectuée (par la répétition indéfinie du premier trait), l'énonciation de la demande finit par rencontrer la question du désir, qui provient de l'Autre : ii suffit d'imaginer un second tore dont la partie pleine passe par le vide intérieur du premier, pour mettre en place la dialectique du désir et de la demande, et avec elle le stade imaginaire de la frustration (après celui de la privation). Observons combien cette structure semble faite pour représenter l'ordinaire du névrosé, si prompt à faire passer dans la demande l'objet de son désir, et dans la dépendance qui est la sienne, à essayer de conformer son désir à la demande de l'Autre.
"Le 1 du tour unique, le 1 qui distingue chaque répétition dans sa différence absolue, ne vient pas au sujet - même si son support n’est rien d’autre que celui du bâton réel - ne vient pas d’aucun ciel, il vient d’une expérience constituée, pour le sujet auquel nous avons affaire : – par l’existence, avant qu’il ne soit né, de l’univers du discours, – par la nécessité que cette expérience suppose, du lieu de l’Autre avec le grand A, tel que je l’ai antérieurement défini. C’est ici que le sujet va conquérir l’essentiel, ce que j’ai appelé cette seconde dimension, en tant qu’elle est fonction radicale de son propre repérage dans sa structure, si tant est que métaphoriquement, mais non sans prétendre atteindre dans cette métaphore la structure même de la chose, nous appelons structure de tore cette seconde dimension en tant qu’elle constitue parmi tous les autres, l’existence de lacs irréductibles à un point, de lacs non évanouissants... C’est dans l’Autre que vient nécessairement à s’incarner cette irréductibilité des deux dimensions pour autant que, si elle est quelque part sensible, ce ne peut être - puisque jusqu’à présent le sujet n’est pour nous que le sujet en tant qu’il parle - que dans le domaine du symbolique... C’est à cela que va au maximum me servir le schématisme du tore, vous allez le voir, et à partir de l’expérience majorée par la psychanalyse et l’observation qu’elle éveille. L’ objet de son désir, le sujet peut entreprendre de le dire. Il ne fait même que cela. C’est plus qu’un acte d’énonciation, c’est un acte d’imagination. Ceci suscite en lui une manœuvre de la fonction imaginaire, et d’une façon nécessaire cette fonction se révèle présente dès qu’apparaît la frustration."LACAN, S.IX, 14/03/1962
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