Sujet supposé savoir, Sujet, Savoir, Inconscient, 1961

Pour exister, un sujet n'est pas nécessairement supposé savoir, il lui suffit de se supporter du signifiant et de ses effets. Pourtant ce préjugé du "sujet supposé savoir" est colporté par la philosophie, implicitement depuis Platon et Aristote, explicitement avec Descartes, suprêmement dans la phénoménologie de Hegel. La psychanalyse, avec son concept d'inconscient, dé-suppose le savoir du sujet autant qu'elle dé-suppose un sujet au savoir, pour placer le savoir plutôt en l'Autre, en tant que lui-même n'est pas un sujet, mais un "lieu" où se dépose le savoir justement comme inconscient.


"Il n’a jamais été - dans la lignée philosophique qui s’est développée à partir des investigations cartésiennes dites du « cogito » - (...) qu’un seul sujet que j’épinglerai, pour terminer, sous cette forme : « le sujet supposé savoir »... Aujourd'hui arrêtons-nous à poser cette « motion de défiance » d'attribuer ce supposé savoir - comme savoir supposé - à qui que ce soit, mais surtout de nous garder de supposer [sub-poser] - subjicere - aucun sujet au savoir... Le savoir est intersubjectif, ce qui ne veut pas dire qu’il est le savoir de tous, mais qu’il est le savoir de l’Autre, avec un grand A. Et l’Autre - nous l’avons posé, il est essentiel de le maintenir comme tel - l’Autre n’est pas un sujet, c’est « un lieu », auquel on s’efforce depuis Aristote de transférer les pouvoirs du sujet... L’Autre est le dépotoir des représentants représentatifs de cette supposition de savoir, et c’est ceci que nous appelons l’inconscient pour autant que le sujet s’est perdu lui-même dans cette « supposition de savoir »."
LACAN, S.IX, 15/11/1961

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