Le sujet apparaît comme barré, dans le fantasme, comme pur sujet de l'inconscient (de la cédille du "ça" à l'apostrophe du "c'es(t)"), mais il n'est pas réduit au non-être. Même le sujet sadique, dans sa tentative de réduire l'autre au petit 'a', de le forcer à jouir dans la souffrance, ne fait que se mettre en scène comme irréductible sujet : là précisément où comme tout un chacun, pour survivre, il est accroché à l'image spéculaire. Laquelle ne se forme, et ne subsiste, qu'en rapport avec grand I, le signifiant de l'Idéal-du-moi... Car sans la relation à l'Autre d'où provient le trait unaire de l'identification, "ce petit pot - symbole depuis toujours du « créé » - où chacun essaie de se donner, à soi même, quelque consistance" (Lacan parle ici du moi-idéal, i(a)) n'aurait aucune chance d'exister. La phobie est encore un exemple de cette résistance qu'oppose l'image spéculaire pour "sauver" le sujet : "C’est au moment où le désiré se trouve sans défense à l’endroit du désir de l’Autre qui menace le rivage, la limite, i(a), c’est alors que l’artifice éternel se reproduit et que le sujet le constitue : il apparaît comme enfermé dans « la peau de l’ours avant de vous avoir tué », mais c’est une peau de l’ours en réalité retournée et c’est à l’intérieur que le phobique défend l’autre côté de l’image spéculaire." Il la défend, cette image spéculaire, en activant le signal phobique, autrement dit le signifiant phallique. Plus généralement d'ailleurs, la fonction de l'idéal est ce qui régule ordinairement, par assauts de métaphores, la relation d'un sujet à ses objets.
"Genet pointe admirablement ceci que les filles connaissent bien, c'est que : quelles que soient les élucubrations de ces Messieurs assoiffés d'incarner leurs fantasmes, il y a un trait commun à tous, c'est qu'il faut que - par quelque trait dans l'exécution - ça ne fasse pas vrai parce que autrement peut-être, si cela devenait tout à fait vrai, on ne saurait plus où on en est. Il n'y aurait peut-être pas pour le sujet de chances qu'il y survive...Aussi bien, cette façon d'ordonner l'échelle montante et concordante des objets par rapport au sommet phallique, c'est bien ce qui nous permet de comprendre la liaison de niveau qu'il y a, par exemple, entre l'attaque sadique en tant qu'elle n'est pas du tout une pure et simple satisfaction d'une agression prétendue élémentaire, mais une façon comme telle d'interroger l'objet dans son être, une façon d'y puiser le « ou bien » introduit, à partir du sommet phallique, entre l'être et l'avoir... Forcer un être - puisque c’est là l’essence du petit(a) - au-delà de la vie, n’est pas à la portée de tout le monde. Ce n’est pas simplement cette allusion qu’il y a des limites naturelles à la contrainte, à la souffrance elle même, c’est que même forcer un être au plaisir n’est pas un problème que nous résolvions si aisément et pour une bonne raison, c’est que c’est nous qui menons le jeu, c’est que c’est de nous qu’il s’agit..."LACAN, S.VIII, 28/06/1961
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