Objet a, Phallus, Désir, Sadisme, 1961

Le phallus, comme signifiant, est le dénominateur commun à tous les objets pouvant remplir la fonction du petit 'a' dans le fantasme ; c'est précisément parce qu'il est surinvesti au centre du champ narcissique, que l'objet génital s'absente de la représentation ("cette possibilité essentielle de l’objet phallique d’émerger comme un « blanc » sur l’image du corps") pour laisser place au signifiant phallus. Le désir émerge à partir de ce reste invisible mais d'autant plus fascinant, il vient à s'incarner dans ce qui manque dans l'image. Dans la dialectique du désir, impliquant toujours "autre chose" dès lors que l'être parle et que le phallus symbolise ce manque, les premiers objets de la pulsion eux-mêmes (seins, fèces), se trouvent visés et questionnés dans leur être, voire mis à l'épreuve dans leur résistance à être, entre être et avoir, spécialement dans le fantasme sadique.


"Au cœur de la fonction petit(a), permettant de grouper, de situer les différents modes d’objets possibles, en tant qu’ils interviennent dans le fantasme, il y a le phallus... Mais la caractéristique centrale de cette relation du corps propre au phallus doit être tenue pour essentielle pour voir ce qu’il conditionne après-coup, dans le rapport à tous les objets. Le caractère de : « séparable », « possible à perdre », serait différent s’il n’y avait au centre le destin de cette possibilité essentielle de l’objet phallique d’émerger comme un « blanc » sur l’image du corps, comme une île, comme ces îles de cartes marines où l’intérieur n’est pas représenté mais le pourtour. À savoir qu’il en va de même pour ce qui concerne tous les objets de désir, le caractère d’isolement comme Gestalt de départ est essentiel car on ne dessinera jamais ce qui est à l’intérieur de l’île. On n’entrera jamais à pleines voiles dans l’objet génital..."
LACAN, S.VIII, 21/06/1961
"Je vous l’ai dit, c’est à partir du phallus, de son avènement dans cette dialectique, que s’ouvre - justement, pour avoir été réunie en lui -la distinction de l’être et de l’avoir. Au-delà de l’objet phallique, la question - c’est bien le cas de le dire - s’ouvre à l’endroit de l’objet autrement. Ce qu’il présente ici, dans cette émergence d’île, ce fantasme, ce reflet, où justement il s’incarne comme objet du désir, se manifeste précisément dans l’image - je dirais presque :  la plus sublime - dans laquelle il peut s’incarner, celle que j’ai mise en avant tout à l’heure comme objet de désir : il s’incarne justement dans ce qui à l’image manque."
LACAN, S.VIII, 28/06/1961

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire