Angoisse, Fantasme, Moi, Désir, 1961, FREUD

Ce qui est en cause dans l'angoisse n'est rien d'autre que le désir du sujet, en tant qu'il se montre menaçant, mais aussi menacé lui-même. Dans l'angoisse, conformément à la structure du fantasme, l'investissement psychique se porte sur la place du sujet en tant qu'elle peut être occupée par i(a), l'image spéculaire, face à l'objet 'a' du désir (désinvesti). L'image spéculaire, qui est foncièrement l'image de l'autre, siège de toute agressivité, subirait quelque atteinte en raison d'une menace provenant de l'objet : à quoi répondrait le signal d'angoisse du côté du sujet, pour protéger l'image (narcissique, donc par définition, ne supportant pas les atteintes, et indissociablement, là encore par définition, image du moi et image de l'autre). Entre la détresse sans recours et la fuite effective, l'angoisse creuse le trou sans fond d'un présent insupportable, d'autant plus qu'elle n'a nullement pour fonction d'annuler le désir mais bien au contraire de le soutenir (jusque dans l'insoutenable), d'en maintenir la tension, là où l'objet manque.


"Pour que se produise l’angoisse, l’investissement du petit a est reporté sur le S. Seulement le S n’est pas quelque chose de saisissable. Il ne peut être conçu que comme une place, puisque ce n’est même pas ce point de réflexivité du sujet qui se saisirait, par exemple, comme désirant. Le sujet ne se saisit pas comme désirant, mais dans le fantasme la place où il pourrait - si j’ose dire - se saisir comme tel, comme désirant, est toujours réservée... C’est l’image (i(a)), le fantôme narcissique qui vient remplir dans le fantasme la fonction de se coapter au désir, l’illusion de tenir son objet, si l’on peut dire. Dès lors, si S est cette place qui peut de temps en temps se trouver vide, à savoir que rien ne vienne s’y produire de satisfaisant concernant le surgissement de l’image narcissique, nous pouvons concevoir que c’est peut-être bien à cela, à son appel, à quoi répond la production du signal d’angoisse."
LACAN, S.VIII, 14/06/1961

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