Transfert, Amour, Désir, Interprétation, 1961

Le transfert est présent dans l'analyse dès qu'on peut repérer dans les dires du sujet une "présence du passé". Non seulement ce phénomène se manifeste comme un soutien indispensable à la remémoration, mais il s'avère Immédiatement maniable par l'interprétation. Le transfert ne permet pas une simple présence du passé, par sa guise cette présence se fait acte, devient création. Il est un puissant levier pour faire surgir le désir à partir de l'amour. Tel Alcibiade déclarant publiquement son amour pour Socrate (par le biais d'un certain nombre de récits et anecdotes), mais se heurtant au désir énigmatique de celui-ci, étant éconduit d'un côté d'un côté se trouve reconduit de l'autre vers propre désir pour Agathon. Socrate, par son interprétation active, aura utilisé l'amour (de transfert) qu'Alcibiade éprouve à son égard, pour lui signifier son vrai désir.

"En même temps qu’on découvre le transfert, on découvre que si la parole porte comme elle a porté jusque-là, avant qu’on s’en aperçoive, c’est parce qu’il y a là le transfert... Que c’est de la position que lui donne le transfert que l’analyste analyse, interprète et intervient sur le transfert lui-même... C’est « une présence » - un peu plus qu’une présence - c’est « une présence en acte ». (...)
L’amour c’est ce qui se passe chez cet objet vers lequel nous tendons la main par notre propre désir,  et qui, au moment  où il fait éclater son incendie, nous laisse apparaître un instant cette réponse : cette autre main, celle qui se tend vers vous comme son désir... C’est dans la mesure où ce que Socrate désire il ne le  sait pas, et que c’est le désir de l’Autre, c’est dans cette mesure qu’Alcibiade est possédé par - quoi ? - par un amour dont on peut dire que le seul mérite de Socrate c’est de le désigner comme amour de transfert, de le renvoyer à son véritable désir."
LACAN, S.VIII, 01/03/1961

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