"Ce dont il s’agit dans le désir c’est d’un objet, non d’un sujet. C’est justement ici que gît ce qu’on peut appeler « ce commandement épouvantable » du dieu de l’amour qui est justement de faire de l’objet qu’il nous désigne quelque chose qui, premièrement est un objet, et deuxièmement ce devant quoi nous défaillons, nous vacillons, nous disparaissons comme sujets. Car cette déchéance, cette dépréciation dont il s’agit, c’est nous comme sujet qui l’encaissons. Et ce qui arrive à l’objet est justement le contraire, c’est-à-dire que cet objet, lui, est survalorisé et c’est en tant qu’il est survalorisé qu’il a cette fonction de sauver notre dignité de sujet, c’est-à-dire de faire de nous, autre chose que ce sujet soumis au glissement infini du signifiant, faire de nous autre chose que les "sujets de la parole"... L’individualité consiste tout entière dans ce rapport privilégié où nous culminons comme sujet dans le désir."
LACAN, S.VIII, 01/03/1961
Désir, Amour, Sujet, Objet, 1961
L'amour se rattache à la question de ce que l'Autre peut nous donner : au-delà de telle demande formulée, l'amour est l'objet ultime de la demande, la présence de l'Autre comme telle. Cet Autre auprès duquel nous soupirons dans l'amour, de sujet à sujet en somme, n'est plus du tout présent dans le désir sinon comme objet, mais un objet impérieux, tyrannique, auprès duquel nous vacillons et même nous disparaissons comme sujets. Pendant que l'objet trône à son firmament, survalorisé, il remplit cette tâche paradoxale de "sauver la dignité du sujet" dit Lacan en le faisant apparaître, dans le désir, non plus comme sujet de la parole (sujet évanouissant), mais comme ce quelque chose d'unique et d'irremplaçable pouvant se parer du nom d'"individualité".
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