Dieu, Père, Mort, Fils, 1960

Le mythe du meurtre du père, inventé par Freud au début du 20è siècle, est un mythe pour notre temps même s'il pointe sur un contenu transhistorique : c'est lui qu'on retrouve sous le règne des animaux-totems, aussi bien que sous celui du Dieu unique, dont l'époque contemporaine a affirmé la "mort". Or si l'homme, sous la figure du Prochain, survit à cette mort, c'est encore parce qu'elle a été répétée par le Fils duquel nous parvient cette loi d'aimer le Père, aussi bien que le Prochain, message qui ne prend effet que de la résurrection du Fils au-delà de la mort.

"Le mythe du meurtre du père, c’est bien le mythe d’un temps pour qui « Dieu est mort ». Mais si Dieu est mort pour nous, c’est qu’il l’est depuis toujours, et c’est bien là ce que nous dit FREUD. Il n’a jamais été « le père » que dans la mythologie du fils, c’est-à-dire celle du commandement qui ordonne de l’aimer, lui « le père », et dans le drame de la passion qui nous montre qu’il y a une résurrection au-delà de la mort, c’est-à-dire que l’homme qui a incarné la mort de Dieu est toujours là... Il s’arrête du même coup - la chose est articulée dans le Malaise dans la civilisation - devant « l’amour du prochain »... L’homme survit à « la mort de Dieu », assumée par lui-même, mais ce faisant, se propose-t-il lui-même devant nous." (S.VII, 16/03/1960)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire