"La Sache, dirai-je, est donc bien cette « chose », produit de l’industrie si l’on peut dire, de l’action humaine, en tant qu’elle est action dirigée, gouvernée par le langage. Les « choses » sont en somme à la surface, toujours à portée d’être explicitées, si implicites qu’elles soient d’abord dans la genèse de cette action... Das Ding se situe ailleurs que dans cette relation en quelque sorte réfléchie, pour autant qu’elle est explicitable, qui fait l’homme mettre en question ses mots comme se référant aux choses qu’ils ont pourtant créées. Il y a autre chose dans das Ding. Ce qu’il y a dans das Ding, c’est le secret véritable. Car il y a un secret de ce principe de réalité dans Freud... c’est que ce principe de réalité lui-même fonctionne comme isolant le sujet de la réalité...
Freud nous dit que : "le but premier et le plus proche de l’épreuve de la réalité n’est pas de trouver un objet dans la perception réelle qui corresponde à ce que le sujet se représente sur le moment, mais ceci de le retrouver, de se témoigner qu’il est encore présent dans la réalité"... Bien entendu, il est clair que ce qu’il s’agit de trouver ne peut pas être retrouvé, puisque c’est de sa nature que l’objet est perdu comme tel... Le système du monde freudien, c’est-à-dire du monde de notre expérience, c’est que c’est cet objet, das Ding, en tant qu’Autre absolu du sujet, qu’il s’agit de retrouver... Et si en fin de compte, il n’y a pas quelque chose qui l’hallucine en tant que système de référence, aucun monde de la perception n’arrive à s’ordonner, à se constituer d’une façon humaine, d’une façon valable. Ce monde de la perception nous étant donné comme corrélatif, comme dépendant, comme référence à cette hallucination fondamentale sans laquelle il n’y aurait aucune attention disponible." (S.VII, 09/12/1959)
Réalité, Chose, Objet, Perception, FREUD
L'accès à la réalité, à la chose réelle, se présente de façon foncièrement ambivalente chez Freud : d'un côté sont les choses ("sache") explicitement perçues, à portée de langage, qui vont constituer le monde du sujet ; de l'autre, comme protégée par la première réalité, la Chose ("das Ding") qui se présente, et seulement implicitement, comme l'objet de désir "à retrouver" derrière chaque perception - chose que bien sûr l'on ne retrouve jamais. Das Ding est "l'Autre absolu du sujet", mythique, à jamais perdue, mais présente - et même structurante - en mode hallucinatoire (elle a toujours été hallucinée) derrière toute perception d'objet et orientant toute la recherche du plaisir.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire