"C’est pour autant que ce das Ding est le corrélatif même de la loi de la parole, que la convoitise même dont il s’agit c’est une convoitise qui s’adresse non pas à n’importe quoi que je désire, mais à quelque chose en tant qu’elle est la Chose de mon prochain. C’est pour autant qu’elle préserve cette distance de la Chose en tant que fondée par la parole elle–même que ce commandement prend son poids et sa valeur. Mais là où aboutissons-nous ? Que dirons-nous donc ? Est-ce que la loi est la Chose ? Que non pas ! Toutefois je n’ai eu connaissance de la Chose que par la loi. En effet, je n’aurais pas eu l’idée de la convoiter si la loi n’avait dit : « Tu ne la convoiteras pas ». Mais la Chose trouve, en l’occasion, produit en moi toutes sortes de convoitises grâce au commandement. Car sans la loi, la Chose est morte." (S.VII, 23/12/1959)
Chose, Prochain, Loi, Désir, 1959
Le 9è Commandement se distingue d'articuler le désir et la loi : « Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain, tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain. » (Exode, 20.17) Malgré le proximité avec ...l'âne et le reste, ce n'est pas n'importe quel bien cette "femme de ton Prochain". Il s'agit plutôt d'entendre la Chose de mon Prochain, en tant justement qu'elle n'est pas une chose ordinaire, autrement dit un simple objet d'échange, mais en quelque sorte le Prochain de mon Prochain. Elle n'est pas interdite comme n'importe objet mais, en tant que Chose du mari, elle représentante (pour lui) la Chose originelle. Comme telle elle est la source de tout interdit et de toute loi, et de la parole même : convoitée ou possédée par un tiers, la Chose ne parle pas, mais si elle se tait plus aucune loi n'existe, et si aucune loi n'existe "la Chose est morte" dit Lacan. En effet la Chose ne serait pas désirable si elle n'était pas interdite, et personne n'en aurait connaissance sans connaître la loi qui l'interdit. Et personne ne songerait à convoiter la femme de son Prochain si elle n'était pas interdite (au moins par quelque contrat ayant force de loi). Bien entendu il en va de la Chose comme du Péché en général, Saint Paul le dit clairement : avec la loi "le péché a flambé", car le péché n'est pas tant, en l'espèce, de convoiter la femme du Prochain que le fait de désobéir au commandement de ne pas la convoiter. Or ce désir de désobéissance, désir d'annihiler la loi, est proprement désir de mort - pour la Chose, pour le Prochain, et pour soi-même.
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