Chose, Art, Religion, Science, 1960

Dans les trois formes de sublimation proposées par Freud, l'art, la religion et la science, la Chose se présente sous la forme d'une absence, ou plutôt d'un vide. L'art consiste bien à façonner un objet autour de ce vide, lequel se trouve alors refoulé (au sens de la Verdrängung), tandis que la religion s'emploie, de tout son matériel mythologique, à éviter ce vide au moyen d'une sorte de déplacement fétichiste (Verschiebung). Quant à la science, en tant qu'elle s'origine du discours philosophique et reprend (sans le reconnaître) son idéal de savoir absolu, elle adopte une attitude que le terme d'Unglauben (incrédulité, incroyance) peut exprimer, qui correspond à son rejet (au sens propre de la Verwerfung, forclusion), quand bien même elle est posée implicitement.

"Cette Chose, dont toutes les formes créées par l’homme sont du registre de la sublimation, cette Chose sera toujours en quelque sorte représentée par un vide, précisément en ceci qu’elle ne peut pas être représentée par autre chose. Ou plus exactement, qu’elle ne peut qu’être représentée par autre chose... De même donc : – que dans l’art il y a une forme d’une Verdrängung, un refoulement de la Chose, – que dans la religion, on peut dire qu’il y a peut-être une Verschiebung (déplacement), – c’est à proprement parler de Verwerfung qu’il s’agit dans le discours de la science qui, si l’on peut dire, rejette la perspective et la présence de la Chose." (S.VII, 03/02/1960)

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