"Ce que Freud a introduit à partir de 1920, ce sont les notions supplémentaires [ça, moi, surmoi] alors nécessaires pour maintenir le principe du décentrement du sujet. Mais loin qu'il soit compris comme il le fallait, il y eut une ruée générale, véritable libération des écoliers - Ah, le voilà revenu, ce brave petit moi ! On s'y retrouve ! Nous rentrons dans les voies de la psychologie générale. Comment n'y rentrerait-on pas avec joie, quand cette psychologie générale n'est pas seulement une affaire d'école ou de commodité mentale, mais bien la psychologie de tout le monde ? On s'est trouvé content de pouvoir croire de nouveau que le moi est central... A quelle nécessité intérieure répond le fait de dire qu'il doit y avoir quelque part un autonomous ego ? Cette conviction dépasse la naïveté individuelle du sujet qui croit en soi, qui croit qu'il est lui - folie assez commune, et qui n'est pas une complète folie, car cela fait partie de l'ordre des croyances. Évidemment, nous avons tous tendance à croire que nous sommes nous. Mais nous n'en sommes pas si sûrs que ça, regardez-y de bien près. En beaucoup de circonstances, très précises, nous en doutons, et sans subir pour autant aucune dépersonnalisation. Ce n'est donc pas seulement à cette croyance naïve qu'on veut nous ramener. Il s'agit d'un phénomène à proprement parler sociologique, qui concerne l'analyse en tant que technique, ou si vous voulez cérémonial, prêtrise déterminée dans un certain contexte social. Pourquoi réintroduire la réalité transcendante de l'autonomous ego ? A y regarder de près, il s'agit d'autonomous egos plus ou moins égaux selon les individus. Nous retournons là à une entification selon quoi non seulement les individus existent en tant que tels, mais encore certains existent plus que d'autres." (S.II, 17/11/1954)
Moi, Autonomie
Le fait que Freud ait réintroduit le MOI dans sa deuxième topique, et que cela fut reçu comme une sorte de soulagement parmi ses lecteurs, au prix de lourds contre-sens, nous en dit long sur les préjugés de la psychologie dite générale. On a cru que le Moi retrouvait sa transcendance indéfectible, redevenait le centre de la personnalité, retournait à son autonomie légendaire. On n'a pas assez vu qu'on cautionnait par là-même le principe hiérarchique d'une supériorité de certains egos par rapport à d'autres (ceux qui se considèrent comme plus autonomes justement).
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