Objet a, Castration, Autre, Psychanalyse, 1962

L'objet 'a', logiquement déterminé comme objet de la castration (par opposition aux objets de la privation et de la frustration), est cet objet que la psychanalyse, dans ses aspects théoriques, pratiques ou institutionnels, doit reconnaître comme étant son objet propre. Il résulte de la relation du sujet avec le grand Autre du signifiant, au point nodal du "désir de l'Autre" (dit aussi "phallique") où un signifiant vient à manquer pour le sujet, signifiant dont l'objet - par son absence même - garde en quelque sorte la mémoire. Lacan le qualifie d'"acosmique" pour autant qu'il ordonne toute forme d'objectalité dans ce monde sans en faire lui-même partie. Il se range du même côté que le sujet dans la dyade platonicienne : il ne se rencontre jamais, ne se donne jamais à connaître ; d'ailleurs il n'est pas mais "à-être" (ou à-devenir la Chose) précise Lacan. L'objet de la castration reste donc voilé, recouvert par une couche de productions imaginaires (dont l'image narcissique i(a)) ou signifiantes (au titre de retour du refoulé). Ce n'est qu'au niveau du désir de l'Autre qu'il peut se rencontrer ; sa présence se fait insistante dans l'angoisse, dans cette conjoncture où le sujet lui-même devient l'obscur objet d'un tel désir.


"Le rapport de cet objet à l’image du monde qu’il ordonne constitue ce que PLATON a appelé à proprement parler « la dyade », à condition que nous nous apercevions que dans cette dyade le sujet S et le (a) sont du même côté... Par rapport au corrélat de petit(a), à ce qui reste, quand l'objet constitutif du fantasme s'est séparé, être et pensée sont du même côté, du côté de ce (a). Petit(a), c'est l'être en tant qu'il est essentiellement manquant au texte du monde, et c'est pourquoi autour de petit(a) peut se glisser tout ce qui s'appelle retour du refoulé, c'est-à-dire qu'y suinte et s'y trahit la vraie vérité qui, nous, nous intéresse, et qui est toujours l'objet du désir en tant que toute humanité, tout humanisme est construit pour nous la faire manquer. Nous savons par notre expérience qu'il n'y a rien qui pèse dans le monde véritablement que ce qui fait allusion à cet objet dont l'Autre, grand A, prend la place pour lui donner un sens. Toute métaphore, y compris celle du symptôme, cherche à faire sortir cet objet dans la signification, mais toute la pullulation des sens qu'elle peut engendrer n'arrive pas à étancher ce dont il s'agit dans ce trou d'une perte centrale."
LACAN, S.IX, 27/06/1962

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