Tragédie, Désir, Mort, Etre, 1960

Descendante d'une lignée incestueuse, Antigone ne peut qu'assumer un désir pur, sans médiation, branché sur le désir de l'Autre comme tel c'est-à-dire le désir de la mère. Entre la puissance (Étéocle) et le crime (Polynice) elle choisit d'assumer le crime, nécessairement puisque la communauté (par la voix de Créon) s'y refuse. De là que son "désir pur" se réduise à un pur et simple désir de mort. Antigone incarne la voie de l'éthique protectrice de l'être en tant que sujet aux lois du langage (et non de quelconques "lois sacrées"), dès lors que la politique s'égare dans la passion vengeresse.

"Pour nous, ce que j’essaie de vous montrer, c’est qu’avant tout, l’élaboration éthique qui nous est léguée de la morale - avant Socrate, Aristote et Platon, avant « les Grecs » - montre l’homme et l’interroge dans les voies de la solitude, et nous situe le héros dans cette zone d’empiétement de la mort sur la vie qui est le champ où il s’exerce concernant la zone de son véritable rapport, qui est du rapport à ce que j’ai appelé ici la seconde mort : ce rapport à l’être, en tant qu’il suspend tout ce qui a rapport à la transformation, au cycle des générations et des corruptions, à l’histoire même qui nous porte à un niveau plus radical que tout, et en tant que comme tel il est suspendu au langage." (S.VII, 15/06/1960)

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