Sublimation, Désir, Beauté, Mort, 1960

Si la sublimation est bien la satisfaction de la tendance dans le changement de son objet, et cela sans refoulement, elle ne tient pas dans l'élection d'un objet "plus élevé" mais dans le changement d'objet lui-même. Elle est la continuité du désir en tant que l'articulation signifiante - le rapport métonymique d'un signifiant à l'autre - permet ce changement d'objet, et en tant que le désir lui-même n'est qu'une métonymie du discours de la demande. Toute oeuvre d'art promeut la question du désir comme tel. C'est parce que la réalisation du désir se pose dans la perspective d'une condition absolue que l'oeuvre apparaît comme l'incorporation d'un signifiant élevé, également, à l'absolu. C'est parce que la réalisation du désir est nécessairement une fin, au moins projetée (dans une "perspective de jugement dernier" dit Lacan), que l'expérience de la beauté nous donne comme un avant goût, le temps d'un éblouissement, de notre propre mort.

"Quand nous voyons dans l’Apocalypse, cette image de « manger le livre », qu’est-ce que cela veut dire, sinon ceci que quelque chose s’est appliqué à donner au livre lui-même la valeur d’une incorporation, que le livre devient, dans cette image puissante, l’incorporation du signifiant lui-même. Il devient le support de la création proprement apocalyptique. Je veux dire que le signifiant devient dans cette occasion Dieu, l’objet de l’incorporation elle-même. Ce que donc nous apportons, pour autant que nous osons formuler quelque chose qui ressemble à une satisfaction qui ne soit pas payée d’un refoulement, c’est le thème mis au centre, promu dans sa primauté : qu’est-ce que le désir ?" (S.VII, 22/06/1960)

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