Moi, Délire

Si le MOI tient un type de discours qui semble coller à la réalité, il n'en demeure pas moins que sa prétention naturelle à la liberté, à l'autonomie, confinerait plutôt au délire ; comme si le moi était affublé, tissé dans la matière même de ce discours, d'une sorte de doublure intérieure percée de part en part, on irait jusqu'à dire décomposée ou putréfiée, ne présentifiant rien d'autre que sa propre mort.

"J’ai essayé de vous montrer que le moi, quoi qu’il en soit que nous pensions de sa fonction – et je n’irai pas plus loin qu’à lui donner la fonction d’un discours de la réalité – comporte toujours un corrélatif, à savoir un discours qui n’a rien à faire avec la réalité. Et avec l’impertinence qui comme chacun sait me caractérise, je n’ai pas été le choisir nulle part ailleurs que dans ce que j’ai appelé la dernière fois « le discours de la liberté » pour autant qu’il est fondamental pour l’individu prétendu « autonome », pour « l’homme moderne » pour autant qu’il est structuré par une certaine conception de son autonomie... Je dis que c’est le corrélatif de l’ego, je dis qu’il n’y a pas d’ego sans ce jumeau, disons gros de délire... « Un cadavre lépreux qui traîne après lui un autre cadavre lépreux » [dit Schreber] : belle image pour le moi. Il y a dans le moi quelque chose de fondamentalement mort, et toujours aussi doublé de ce jumeau qui est le discours." (S.III, 15/02/1956)

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