Loi, Mère

L'accès au symbolique, donc à la LOI, donc à l'interdiction de l'inceste, ne nécessite pas l'intervention du père dans un premier temps ; il se fait à travers la demande de l'enfant adressée à la mère, demande déjà articulée dans le langage de celle-ci et dépendant entièrement de son désir, qui en l'occurrence fait loi. C'est alors que la parole du père, du moins quand elle n'est pas comptée pour rien mais au contraire acceptée comme médiatrice (par la mère - désignant le père comme énonciateur, d'où le "Nom-du-Père" - aussi bien que par l'enfant), vient interrompre cette situation où l'enfant n'était que l'"assujet" de la mère, dès lors que désormais celle-ci renvoie à une loi autre que la sienne et à un objet de désir autre que son propre enfant.

"La loi de la mère, c'est, bien entendu, le fait que la mère est un être parlant, et cela suffit à légitimer que je dise la loi de la mère. Néanmoins, cette loi est, si je puis dire, une loi incontrôlée. Elle tient simplement, au moins pour le sujet, dans le fait que quelque chose de son désir est complètement dépendant de quelque chose d'autre, qui, sans doute, s'articule déjà comme tel, qui est bien de l'ordre de la loi, mais cette loi est tout entière dans le sujet qui la supporte, à savoir dans le bon ou le mauvais vouloir de la mère, la bonne ou la mauvaise mère... Eh bien, je dis que l'enfant s'ébauche comme assujet. C'est un assujet parce qu'il s'éprouve et se sent d'abord comme profondément assujetti au caprice de ce dont il dépend, même si ce caprice est un caprice articulé... C'est ici qu'il convient de remarquer que cette Autre à laquelle il s'adresse, c'est-à-dire nommément la mère, a un certain rapport au père... Or, il ne s'agit pas tant des rapports personnels entre le père et la mère, ni de savoir si l'un et l'autre font le poids ou ne le font pas, que d'un moment qui doit être vécu comme tel, et qui concerne les rapports non pas simplement de la personne de la mère avec la personne du père, mais de la mère avec la parole du père - avec le père en tant que ce qu'il dit n'est pas absolument équivalent à rien... Ce qui est essentiel, c'est que la mère fonde le père comme médiateur de ce qui est au-delà de sa loi à elle et de son caprice, à savoir, purement et simplement, la loi comme telle. Il s'agit donc du père en tant que Nom-du-Père, étroitement lié à l'énonciation de la loi." (S.V, 22/01/1958)

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