"S, c'est la lettre S, mais c'est aussi le sujet, le sujet analytique, c'est-à-dire pas le sujet dans sa totalité. Pourquoi serait-il total ? Nous n'en savons rien. Vous en avez déjà rencontré, vous, des êtres totaux ? C'est le sujet, non pas dans sa totalité, mais dans son ouverture. Bien entendu, ce n'est pas là qu'il se voit - cela n'est jamais le cas - même à la fin de l'analyse. Il se voit en 'a', et c'est pour cela qu'il a un moi. Il peut croire que c'est ce moi qui est lui, tout le monde en est là, et il n'y a pas moyen d'en sortir... Cela dit, il ne faut pas omettre notre supposition de base, à nous, analystes - nous croyons qu'il y a d'autres sujets que nous, qu'il y a des rapports authentiquement intersubjectifs. Nous n'aurions aucune raison de le penser si nous n'avions pas le témoignage de ce qui caractérise l'intersubjectivité, à savoir que le sujet peut nous mentir. C'est la preuve décisive. Je ne dis pas que c'est le seul fondement de la réalité de l'autre sujet, c'est sa preuve. En d'autres termes, nous nous adressons de fait à des A1, A2, qui sont ce que nous ne connaissons pas, de véritables Autres, de vrais sujets. Ils sont de l'autre côté du mur du langage, là où en principe je ne les atteins jamais. Fondamentalement, ce sont eux que je vise chaque fois que je prononce une vraie parole, mais j'atteins toujours a', a", par réflexion. Je vise toujours les vrais sujets, et il me faut me contenter des ombres. Le sujet est séparé des Autres, les vrais, par le mur du langage. Si la parole se fonde dans l'existence de l'Autre, le vrai, le langage est fait pour nous renvoyer à l'autre objectivé. Autrement dit, le langage est aussi bien fait pour nous fonder dans l'Autre que pour nous empêcher radicalement de le comprendre. Et c'est bien de cela qu'il s'agit dans l'expérience analytique." (S.II, 25/05/1955)
Langage, Sujet
Le schéma L figure la dialectique de toute situation INTERSUBJECTIVE, autrement dit de parole. Il comprend deux axes, imaginaire (relation spéculaire) et symbolique ("mur du langage"), et quatre termes. Sur l'axe imaginaire se trouve le a comme "moi" ou représentation imaginaire du sujet, puis le a' comme cet autre semblable auquel le moi s'adresse apparemment, rien d'autre qu'une projection du moi objectivée. Sur l'axe symbolique se trouve le S comme étant le sujet,"non pas dans sa totalité mais dans son ouverture", à l'Autre précisément, ce A qui est aussi un Autre sujet que nous devons supposer et reconnaitre comme disposant justement du langage (il pourrait nous mentir). Cet Autre n'est pas lui-même une projection de notre image, même si parlant depuis a nous ne l'atteignons jamais distinctement dans notre discours.
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