Ignorance, Enseignement

L'IGNORANCE, qui par principe et du moins en apparence n'est pas le fort de celui qui enseigne, doit pourtant être le ferment du désir de connaître, évidemment chez l'élève mais également chez l'enseignant dont c'est peut-être le ressort pédagogique et le génie ultime que de n'en point cacher l'étendue.

"J'ai fait cette réflexion que l'enseignement est quelque chose de bien problématique, et qu'à partir du moment où on est amené à prendre la place que j'occupe derrière cette petite table, il n'y a pas d'exemple qu'on n'y soit suffisant, au moins en apparence. En d'autres termes, comme l'a fait très bien remarquer un poète américain plein de mérite, on n'a jamais vu un professeur faire défaut par ignorance. On en sait toujours assez pour occuper les minutes pendant lesquelles on s'expose dans la position de celui qui sait. On n'a jamais vu quelqu'un rester court, dès lors qu'il prend la position d'être celui qui enseigne. Cela me mène à penser qu'il n'y a de véritable enseignement que celui qui arrive à éveiller une insistance chez ceux qui écoutent, ce désir de connaître qui ne peut surgir que quand ils ont pris eux-mêmes la mesure de l'ignorance comme telle - en tant qu'elle est, comme telle, fé­conde - et aussi bien du côté de celui qui enseigne." (S.II, 12/05/1955)

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