Rire, Imaginaire

Prétendre que le RIRE proviendrait d'une sorte d'imitation grossière de la vie au moyen du mécanisme ("du mécanique plaqué sur du vivant" selon Bergson), est une explication elle-même grossière, d'abord parce qu'elle réduit abusivement le mécanisme à un phénomène répétitif, ensuite parce qu'elle trahit une méconnaissance des ressources fonctionnelles de l'imaginaire. En effet le rire consiste surtout - plus subtilement - à se gausser des tendances narcissiques du moi en tant qu'exposées ou prises en défaut : par exemple ce qui nous amuse n'est pas tant la chute physique du bonhomme que, à cet instant, la dégringolade de son image surestimée, laquelle se détache en quelque sorte du corps victimisé (tout en libérant la joie du spectateur !) à l'occasion de l'incident cinétique, voué ou non à se répéter.

"Le rire touche à tout ce qui est imitation, doublage, sosie, masque, et, si nous regardons de plus près, il ne s'agit pas seulement du masque, mais du démasquage, et cela selon des moments qui méritent qu'on s'y arrête... Il y a un rapport très intense, très serré, entre les phénomènes du rire et la fonction chez l'homme de l'imaginaire... Nous le rapportons à cette ambiguïté qui est au fondement même de la formation du moi et qui fait que son unité est hors de lui-même, que c'est par rapport à son semblable qu'il s'érige, et qu'il trouve cette unité de défense qui est celle de son être en tant qu'être narcissique. C'est dans ce champ que le phénomène du rire est à situer." (S.V, 18/12/1957)

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