Psychose, Langage

C'est un certain rapport, d'extériorité pourrait-on dire, du sujet au langage qui caractérise la psychose : le sujet est comme habité, possédé par le langage (là où le névrosé l'habite outrageusement). Le phénomène du délire se déclenche alors que le sujet devrait, à tel moment crucial, répondre à un appel de l'Autre et donc assumer une parole véritable, et y échoue en raison d'une carence symbolique préalable et même initiale que Lacan nomme "forclusion". Dans le foisonnement imaginaire qui survient à la place, c'est en réalité tout un monde, toute une cosmologie, toute une série de modes d'être et de relations au petit autre qui se déploient à l'infini sans réel point d'ancrage. C'est aussi l'occasion, pour le sujet, de fantasmer une identité sexuelle ad hoc, comme on le voit chez Schreber plaçant au coeur de son délire le fait qu'« Il serait beau d’être une femme subissant l’accouplement », en fait d'être accouplé à Dieu.

"En somme s’il y a quelque chose que nous entrevoyons comme représentant cette entrée dans la psychose, c’est que c’est à la mesure d’un certain appel [A] auquel le sujet ne peut pas répondre que quelque chose se produit au niveau du petit autre, quelque chose que nous appellerons une sorte de foisonnement de modes d’être, de relations au petit autre, foisonnement imaginaire, foisonnement qui supporte un certain mode du langage et de la parole [« délire »]." (S.III, 1956)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire