Demande, Besoin

Toute DEMANDE passe nécessairement par les mailles du signifiant où elle acquiert une forme d'autonomie, au point de devenir potentiellement exorbitante ; c'est pourquoi en retour, la réponse juste pour satisfaire le besoin, juste le besoin, ne s'adresse pas directement au sujet mais à un Autre universel, l'humain dans sa nudité même (idéalement le Christ).

"Le système des besoins vient dans la dimension du langage pour y être remodelé, mais aussi pour verser dans le complexe signifiant à l'infini, et c'est ce qui fait que la demande est essentiellement quelque chose qui de sa nature se pose comme pouvant être exorbitante. Ce n'est pas pour rien que les enfants demandent la lune. Ils demandent la lune parce qu'il est de la nature d'un besoin qui s'exprime par l'intermédiaire du système signifiant, de demander la lune. Aussi bien d'ailleurs n'hésitons-nous pas à la leur promettre... Nous répondons à la demande, nous donnons à notre prochain ce qu'il nous demande, mais par quel trou de souris faut-il qu'il passe? A quelle réduction de ses prétentions faut-il qu'il se réduise lui-même pour que la demande soit entérinée? ... C'est ce que met suffisamment en valeur le phénomène du besoin quand il paraît nu. Je dirai même que pour accéder au besoin en tant que besoin, il faut que nous nous référions, au-delà du sujet, à je ne sais quel Autre qui s'appelle le Christ, et qui s'identifie au pauvre. Cela vaut pour ceux qui pratiquent la charité chrétienne, mais même pour les autres. L'homme du désir, le Dom Juan de Molière, donne bien entendu au mendiant ce qu'il lui demande, et ce n'est pas pour rien qu'il ajoute 'pour l'amour de l'humanité'. C'est à un Autre au-delà de celui qui est en face de vous que la réponse à la demande, l'accord de la demande, est en fin de compte déféré." (S.V, 05/12/1957)

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